| | | | | sai | Can you just... trust in me ? | | 37 messages postés |
| Posté le 12-12-2004 à 16:57:56
| Nom : La quête d'un homme, Leïp Age : Je pense que tout le monde peut le lire Edit : Ben... finalement, je dirai [PG], y a des scenes plutot méchantes
Chapitre 1
L'homme et le démon Le cri rauque retentit à travers toute la pièce. La foule en délire criait le nom du vainqueur, tandis que l’autre s’effondrait dans un dernier souffle. - On dirait que j’ai gagné, dit une voix. Un homme âgé d’une quarantaine d’années sortit de l’ombre, puis s’approcha du cadavre. Il portait un vêtement moulant noir à manches courtes qui dévoilait d’épais muscles. Sa longue cape rouge recouvrait ses épaules et son dos, touchant presque le sol. A sa large ceinture de tissu brun, qui couvrait une partie de son ventre, pendait un grand fourreau de bronze. Il portait des bottes de cuir marron, attachées par plusieurs sangles. Ses cheveux bruns étaient coupés très court. Il leva son épée ensanglantée, dont la poignée représentait un aigle, pour la rengainer. Leïp retourna dans les ténèbres de l’arène pour chercher la sortie. Il partit récupérer sa récompense et s’en alla. Dehors, le peuple s’amassait en un troupeau. Lorsqu’il marchait, la foule se fendait pour laisser passer le vainqueur qu’ils regardaient disparaître au loin. Le grand gagnant du tournoi annuel d’Ewal restait Leïp. On parla de ses matchs durant des semaines, inlassablement. - Comment ça ? Pourquoi cette décision ?! Le soldat s’était levé brusquement. Il semblait surpris. - Je ne peux pas rester plus longtemps ici, répondit Leïp. Vous le savez très bien. - Mais nous avons besoin d’hommes comme vous pour protéger Ewal ! - Je n’ai plus aucune raison de rester ici. - Je vous demande de rester pour le bien de tout le village. - Vous n’avez pas besoin de moi… - Justement ! Personne n’est capable de se battre comme vous ! Pourquoi partir ? - J’ai mes raisons. Vous saurez rapidement me remplacer, continua-t-il froidement. Leïp attrapa son sac. Il se dirigea vers la sortie mais le soldat se jeta à ses pieds. - Je vous demande de reconsidérer la question, supplia-t-il. Nous ne serons jamais à l’abri des attaques. - Relevez-vous. Il n’est pas digne d’un soldat de votre rang de se jeter aux pieds d’un simple guerrier. L’homme s’exécuta, tandis que Leïp soulevait le pan de tissu pour quitter la tente. - Vous transmettrez mes adieux aux villageois ainsi qu’aux soldats, termina-t-il. Le tissu se referma derrière lui. Le soldat resta plusieurs minutes à contempler la sortie de la tente. Au dehors, les tentes militaires s’entassaient sur une longue cour. Les dalles sur le sol formaient un long chemin jusqu’aux portes. Dans l’autre sens, le village ouvrait sur les arènes dans lesquelles se déroulaient les tournois annuels. Le temps avait repris son cours normal depuis la fin des combats. Leïp s’approchait des portes. Il aperçu plus loin des silhouettes familières. Deux chefs militaires avançaient dans sa direction. Ils étaient tous deux vêtus de cottes de mailles, recouvertes de tuniques identiques. - Bien le bonjour, messire Leïp, fit le premier. - Bonjour messire Firmas. - Bonjour, fit l’autre. - Vous partez en mission ? questionna le premier. - En quelque sorte, répondit Leïp. - En quelque sorte ? répéta le second homme. Expliquez vous. Leïp lui lança un regard qui frôlait la froideur. Il répondit sur le même ton : - Je pars en voyage pour le bien du village, messire Hormus. - En voyage ? continua Hormus. Vous nous abandonnez donc ? - Calmez-vous, fit le premier homme. - Je suis parfaitement calme. Je cherche juste à savoir… - Je suis en droit de ne pas vous répondre, coupa Leïp. - Bien, trancha Firmas. Pouvez-vous nous indiquer la durée de votre voyage ? Reprenant son calme, Leïp poursuivit : - Je ne sais pas encore combien de temps je resterai à l’étranger. Je tenterai de vous faire parvenir de mes nouvelles par lettres. Puis-je partir maintenant ? - Bien. J’espère vous revoir très bientôt. Souhaitez-vous être assisté par nos soldats ? - Non merci, je préfère voyager seul. Je ne veux pas sacrifier de vos soldats. Ils ne me seront d’aucune utilité durant mon voyage, mais seront important pour le village. - Sur ce, je vous souhaite un bon voyage. - Je vous remercie de votre soutient. Leïp salua les deux hommes d’un geste de la tête puis repris sa route. Le soleil dardait la montagne de ses rayons. Leïp marchait à présent depuis plusieurs heures. Il avait parcouru plusieurs kilomètres à travers la plaine et parvenait à peine en bas des grandes collines. Il se reposa le temps de déjeuner et repris rapidement sa marche. Il commença son escalade, s’arrêtant parfois, avant de continuer son chemin. La nuit engloutissait déjà la montagne dans son obscurité. La lune pâle ne dévoilait qu’un croissant, et les quelques étoiles présentent ne parvenaient pas à combler le vide du ciel. Dès l’aube, les oiseaux entonnaient déjà leurs chants. Le soleil dévoilait une partie de la montagne, chauffant les premières roches. Leïp se réveilla quelques heures plus tard. A ce moment de la journée, le soleil baignait la colline dans une lumière presque aveuglante. L’homme avala rapidement un morceau de pain, puis, rassemblant ses affaires, continua l’escalade entamée la veille. Après plusieurs heures d’efforts, il atteignit le sommet de la colline vers midi. La descente fut aussi périlleuse que la montée. Les longues heures de marches à travers les rochers épuisèrent Leïp qui, le soir venu, s’endormi sans attendre le coucher de soleil. A son réveil, Leïp remarqua que l’aube arrivait à peine. Il s’était endormi tôt, et de ce fait, était déjà en pleine forme. Il resta assis pendant plusieurs minutes, laissant le vent frais caresser son visage. Avalant rapidement de quoi subsister pour la matinée, Leïp attrapa ses affaires et se remit en route. Il marcha de longs kilomètres, chaque jour, durant une semaine. Il n’avait rencontré personne de tout son voyage mais cela ne l’étonnait pas. Après tout, il était connu que les voyageurs se faisaient souvent attaquer sur les routes. C’est ainsi que les rares personnes qui osaient s’aventurer hors de leurs terres ne revenaient jamais. Mais Leïp ne semblait pas inquiet. Il était l’un des plus grand guerrier de tout le pays, et personne n’ignorait son existence. Cet homme aimait voyager. Il ne vivait que pour apprendre toujours plus sur l’histoire des civilisations et la découverte du monde. Ainsi, il ne supportait pas de rester dans un village sans rien faire. Il était partit pour un long voyage. Mais cette raison n’était pas la seule. Au fond de lui, il savait qu’un jour il reviendrait, qu’il se vengerait. Il devait partir, partir loin. A cette heure de la journée, le soleil dominait la cité ainsi que tous les alentours. Leïp avait marché durant plusieurs semaines. Ewal et ses collines étaient bien loin à présent. Les grandes murailles d’Ilbek se dressaient enfin devant lui. Il se rendit à la grande porte, et fut rapidement interpellé par des soldats. - Halte là ! Leïp se retourna. Deux hommes gardaient la porte. Ils étaient vêtus de longues côtes de maille recouvertes de tuniques. Leïp se dirigea vers eux. - Arrêtez-vous, voyageur, ordonna le premier. Il obéit. - Veuillez décliner votre identité, continua le soldat. - Je me nomme Leïp, répondit-il. Je viens d’Ewal. Les deux hommes échangèrent quelques paroles à voix basse, puis, se retournant, conclurent. - Soyez le bienvenu. - Nous avons ouï de vos exploits, messire Leïp. Nous vous prions d’entrer en ce royaume. - Je vous en remercie, conclut Leïp. L’imposante grille de fer se leva. Derrière, plusieurs hommes actionnaient la manivelle. Leïp franchit la muraille, atteignant une sorte de grande cour. Le sol pavé construisait un chemin qu’il emprunta. En certains points, cette ville ressemblait à Ewal. Pourtant, les différences étaient évidentes. Tout d’abord, la ville s’étendait sur plusieurs dizaines de kilomètres. Même Ewal paraissait minuscule à côté de cet immense empire. Les arènes d’Ilbek semblaient bien plus grandes, accueillant toutes sortes de peuples et de races. Leïp fut surpris à plusieurs reprises, croisant un ogre ou autre créature encore inconnue. Le soir venu, Leïp trouva sans mal une petite auberge pour son séjour à Ilbek. Le bâtiment de pierre semblait plutôt ancien, les murs, recouverts de lierre, marquaient la vieillesse de la roche. Un homme, assis derrière un comptoir de vieux chêne, s’approcha à l’arrivée de Leïp. - Que puis-je faire pour vous ? demanda-t-il d’un ton aimable. - J’aurais besoin d’une chambre. - Bien sûr, combien de temps resterez vous ? - Je compte rester trois jours, répondit Leïp. - Cela vous fera 100 Quarts. Fouillant dans une petite bourse de cuir, il jeta les pièces sur le comptoir. - Je m’en vais préparer votre chambre, prenez place à une table en attendant. Vous voulez sûrement dîner. Leïp acquiesça d’un signe de la tête, puis, après avoir appelé une jeune femme, l’aubergiste s’en alla préparer la chambre à l’étage. La jeune femme s’approcha de Leïp pour prendre sa commande puis disparut par une vieille porte épaisse. Le guerrier pu enfin se rassasier, et partit découvrir sa chambre. La petite pièce mesurait une dizaine de mètres de long, sur six mètres de large. Meublée du lit, d’une table, d’un fauteuil et de deux armoires, la chambre était plutôt chaleureuse. Séparée par une cloison, la salle d’eau se trouvait juste à côté. Leïp retira ses vêtements qu’il jeta sur le fauteuil et se glissa dans le lit pour y trouver le sommeil. Lorsqu’il ouvrit les yeux, Leïp aperçut les premiers rayons de l’aube éclairant la pièce au travers de la fenêtre. Il quitta le lit et, après s’être rapidement lavé, enfila sa tunique. Sortant de sa chambre, il emprunta le petit couloir, passa devant plusieurs portes et descendit le petit escalier de pierre. Il trouva l’aubergiste assis derrière le comptoir. Celui-ci vint l’accueillir : - Bonjour messire. Avez-vous bien dormi ? - Fort bien, je vous en remercie. Est-il possible de déjeuner ? - Bien sur, bien sur. Asseyez vous je m’occupe de tout. Leïp quitta la vieille auberge une heure plus tard. Son épée à la taille, il s’engouffra dans les rues de la ville. Les dédales de pierre ne semblaient pas impressionner l’homme qui arpentait les chemins en toute confiance. Il semblait bien connaître Ilbek. Il se promena ainsi toute la journée, traversant les plus petites ruelles aussi bien que les grands passages. Il examinait chaque mur, chaque roche. Il semblait passionné par le décor qui l’entourait. En cette seconde nuit passée à Ilbek, Leïp, allongé sur son lit, ne trouvait pas le sommeil. L’obsession de cet empire le troublait profondément. Cette ville, qui avait bercé son enfance dans le plus grand secret. Originaire d’Ilbek, Leïp avait été emmené à Ewal lors de ses sept ans. Il n’avait depuis plus jamais revu l’empire et avait été formé dans le but de devenir soldat de la garde royale. Mais, toujours en quête de vérité, il avait finalement découvert le moyen de repartir, le chemin à suivre pour retourner chez lui. Et maintenant, il avait réussit. Après trente-sept ans d’attente, il était revenu. Un sourire spontané s’afficha malgré lui sur son visage. Il ferma les yeux et se laissa emporter par le sommeil. Bien décidé à vivre à Ilbek, Leïp avait réunit sa maigre fortune dans le but d’acheter une demeure. Il partit donc trouver une occasion de pouvoir vivre dans sa ville. Sans prendre la peine de petit-déjeuner, il quitta l’auberge dans la matinée. Il arriva dans la partie commerçante de l’empire. Leïp arpentait d’un pas nonchalant les ruelles peuplées de vendeurs en tout genre. Peut-être était-ce dû aux souvenirs de son enfance, lui remontant soudainement à l’esprit, mais il sentait son cœur battre à tout rompre dans sa poitrine. La sensation devenait presque douleur. Pour seule réaction, Leïp se contenta de serrer contre lui la garde en forme d’aigle de son épée, habitude réconfortante qu’il avait prise au fil des années. Le souffle court, Leïp retourna à l’auberge. Il fila dans sa chambre le plus rapidement possible et alla s’allonger sur le lit. Les pulsations de son cœur avaient grandement accéléré leur rythme. Respirer devenait une épreuve. Ses yeux se fermèrent malgré lui. Il plongea dans un état second, et, ni endormi ni éveillé, voyait devant lui défiler une tornade d’images. Une silhouette se distinguait difficilement de la masse grisâtre apparaissant. - Père, reconnut-il. Non… Il secoua la tête, tentant de chasser cette image de son esprit. Mais la silhouette ne s’effaçait pas, et avançait maintenant en direction de son fils. - Te voila donc ! Les paroles résonnèrent en un écho multiple dans la tête de l’homme. Le ton glacial de son père n’inspirait que la crainte. - Non… bredouilla-t-il. Non, je ne veux pas… - Je te cherchais ! continua la voix, prenant maintenant une intonation rauque. - Pourtant, tu es… - Tu croyais m’avoir tué, ricana-t-il. Ha ha ha ! Leïp supportait difficilement ce spectacle. Une larme chaude coula sur sa joue, sa vue se brouilla soudain. Leïp ouvrit brusquement les yeux. L’obscurité que l’on apercevait par la fenêtre annonçait une nuit bien présente. Il voulut se lever, et constata à son grand étonnement que son corps ne lui obéissait plus. « La fatigue, pensa-t-il. Je devrais me reposer… ». D’elle même, sa main se porta lentement à la garde en forme d’aigle. Son dos se redressa, sa tête se leva, pourtant aucun mouvement n’avait été voulu. Il se leva. Il aurait préféré rester allongé sur son lit, dormir un moment, reposer sa tête martelée d’une douleur sourde et vider son esprit. Mais son corps agissait autrement. Son corps se levait, se dirigeant vers la porte. Il atteignit moins de cinq minutes plus tard la grande salle de l’auberge. - Oh ! Bonjour messire, s’exclama le tavernier. Que puis-je pour vous… Le bras tendu, Leïp tenait son épée devant lui. La tête de l’homme retomba sur le sol avec un bruit sourd, suivit d’un flot de sang qui recouvrait peu à peu le parquet. Alertée par le bruit, sa femme apparut dans l’encadrure de la porte. Elle étouffa un hurlement, puis s’affaissa à son tour par terre, le corps en sang. Leur fils arriva ensuite, et, sans avoir eu le temps de comprendre, perdit la vie. La grande salle de l’auberge était vide à cette heure tardive. Leïp devait subir ce spectacle atroce de son propre corps. « Pourquoi, gémit-il intérieurement, pourquoi ne puis-je pas reprendre le contrôle ? ». Un ogre fit alors claquer la porte de l’auberge. Il portait sur son épaule une énorme hache à double tranchant. Il n’eut pourtant jamais l’occasion de l’utiliser. Les vêtements tachés du sang de ses victimes, Leïp quitta malgré lui l’auberge en direction de la ville. Il s’arrêta dans une ruelle voisine. Là, un petit garçon d’environ cinq ans jouait tranquillement. Du sang recouvrait les pavés ainsi que les murs. Leïp quittait la ruelle, son épée ensanglantée toujours à la main. La panique gagna rapidement le quartier. Il courait sur les lèvres des habitants une rumeur parlant d’un assassin, qui aurait fait plusieurs victimes sans une once hésitation. Leïp sentait la douleur lui transpercer le dos. Au niveau des côtes, la souffrance s’était regroupée sur deux longs traits. Quelque chose, mais il n’aurait su dire quoi, entaillait légèrement sa chaire. Et sous sa peau, il sentait les écailles essayer de percer. Et, dans un hurlement, son dos se déchira. Les lambeaux de sa propre chair recouvraient maintenant le sol ensanglanté. Deux ailes, deux énormes ailes noires, recouvertes par endroits d’écailles couleur sang avaient transpercé son dos. Leïp se serait évanoui s’il avait eu le contrôle de son corps. Au lieu de cela, il du supporter la douleur, cette douleur pire que toute autre. Le corps de Leïp se releva. Il aurait du être mort, mais les pouvoirs du démon l’avaient gardé en vie. Il ne l’avait conservé que pour une seule raison : si l’homme mourrait, il serait condamné. Il ne l’avait pas pour autant protégé. Leïp avait subi les pires souffrances, pire que la mort, et demeurait maintenant dans un état second. Telunra. Tel était le nom de ce démon qu’un groupe de mages noirs avaient enfermé dans son corps alors qu’il n’avait que deux ans. Maintenant, il se souvenait. Les images floues, parfois précises, se révélaient à ses yeux. Le petit enfant était allongé sur une sorte de table de sacrifice. Il ne pleurait pas. Il n’osait même pas bouger. D’étranges symboles avaient été dessinés sur son corps nu. L’incantation commençait. L’un des mages se pencha sur lui, il le reconnut alors. « Père ». La lumière l’aveugla. Une douleur déchirante transperça son corps. L’enfant émit un cri perçant qui résonna à travers la pièce. Puis, soudain, tout était noir. Leïp se réveilla. Dans son sommeil, il avait revu cette partie de se vie qu’il avait instinctivement enfouie au fond de son cœur. Sans qu’il ne l’ait su, le massacre avait continué au travers de son corps. Les morts ne se comptaient plus parmi les villageois. Le sang coulait sur le sol, le long des rues pavées, recouvrait les murs, et devant lui, l’empereur, empalé au bout de son épée, avait fermé les yeux dans un dernier souffle. Suspendu en l’air, il planait grâce aux ailes à plusieurs mètres du sol. Sa main retira brusquement l’épée du corps de l’empereur qui tomba par terre avec un bruit sourd, accompagné d’un flot de sang écarlate. Au travers du corps de Leïp, Telunra sourit, découvrant deux longues canines tranchantes ainsi qu’un regard démoniaque. Un rire rauque retentit. Des larmes de rage coulèrent intérieurement. Pourtant, aucun signe n’apparaissait sur son visage. La terreur régnait à présent sur l’empire. Des centaines de morts jonchaient le sol, aucun n’avait échappé au démon. Plusieurs râles rauques s’élevaient des carcasses agonisantes. Les longues ailes ténébreuses se déployèrent. Telunra s’éleva et, fendant l’air, se dirigea vers le cœur du palais, situé tout près du Colisée. Plus, il lui fallait plus de sang, plus de morts. Telunra atteignit finalement l’arène de combat. Explorant les lieux d’un bref regard, il repéra facilement la petite porte de bois menant aux geôles. Il descendit un vieil escalier de pierre pour finalement arriver dans un dédale de couloirs. Se repérant instinctivement, il su tout de suite trouver le bon chemin. Au fond de leurs cellules crasseuses, les prisonniers reposaient dans des lits de paille. D’épais barreaux de fer séparaient ces esclaves de la liberté. C’étaient eux qui animaient les différents combats qui se déroulaient au Colisée. Un bruit de pas résonna dans le corridor. Deux gardes, postés devant l’entrée des geôles se levèrent brusquement à l’arrivée de l’homme. Telunra tenait devant lui l’épée ensanglantée. Lances à la main, les gardes s’avancèrent. - Arrêtez vous ! ordonna le plus proche, sans avoir eu le temps de réaliser qu’une épée lui traversait le ventre. L’homme s’écroula. Le second mourut de la même manière. Esquissant un sourire, Telunra s’approcha des prisonniers. Ceux cis, pensant avoir trouvé un sauveur, se dirigeaient vers la porte. La joie se lisait sur leurs visages marqués par la fatigue. Pourtant, les sourires s’effacèrent lorsque le démon s’empara de ses premières victimes. Leïp ouvrit les yeux. Sa vue était floue. Il porta la main à son visage pour se frotter les yeux, et réalisa soudain que son corps lui obéissait de nouveaux. Il se redressa tant bien que mal sur les coudes. La douleur transperçait son dos, faisant grandir de plus en plus un grand mal au crâne. L’obscurité englobait la pièce dans une brume ténébreuse. Au loin, Leïp aperçut une torche. Il se leva difficilement et s’y dirigea. Le sol semblait étrangement s’enfoncer sous ses pas. L’estomac noué, il saisit la torche enflammée et éclaira les lieux. Portant sa main à sa bouche, il manqua de vomir. Le sol si mou était en réalité constitué de cadavres, de morceaux de chaires. Leïp recula sur plusieurs mètres. Son pied heurta quelque chose. Il tendit la torche pour voir une tête sanglante rouler sur le sol. Leïp ferma les yeux. Il voulait croire à un mauvais rêve, se réveiller, pourtant, la réalité était bien là. Il quitta le carnage et s’engouffra dans le dédale de couloirs qui composaient le sous-sol du Colisée.
Chapitre 2
Elaara Le soleil envoyait ses derniers rayons sur l’horizon. Une fine couche de sable tiède recouvrait la plaine, sans cesse soulevée par un vent doux et frais. De grands arbres pointaient leurs branches dénudées par l’automne vers le ciel orangé. Loin des routes dallées qui reliaient les villes de la région, loin de l’empire, Leïp marchait en silence. Il arpentait inlassablement les petits chemins le long d’un petit fleuve, fuyant toute forme de vie humaine. Il voulait être seul, pouvoir réfléchir à cette journée. Une journée. En une seule journée, l’un des plus puissants empires du pays avait cédé à l’attaque d’un homme, ou plutôt d’un démon. Un seul démon, certes, mais l’un des plus puissants. Le carnage avait compté plus de miles victimes en moins de vingt-quatre heures. L’esprit bouleversé de Leïp cherchait désespérément une solution logique à cet enchaînement spectaculaire de mouvements à travers de son propre corps. Pourquoi ? Pourquoi avait-il du subir ce spectacle ? Lui qui, malgré son enfance perturbée, avait toujours calmé ses émotions, ne s’était jamais énervé. Lui qui avait toujours fait en sorte d’être transparent. Toute une vie d’efforts gâchée. Par la faute d’une seule personne. « Père, dit-il intérieurement. Pourquoi ? Qu’ai-je fait ? ». Il ne comprenait pas. Pourquoi le démon avait-il si soudainement refait surface, après tant d’années de silence. Mais le simple fait de réfléchir faisait résonner une douleur perçante dans le crâne de l’homme. Il repris alors sa marche silencieuse, le long de la berge sablonneuse. Les ailes avaient disparues, laissant trace à deux importantes cicatrices dans lesquelles la douleur refluait abondamment. Il sentait le vent frais cingler son torse à présent nu, et dans son dos, la grande cape rouge pendait en lambeaux. Seule l’épée, accrochée à sa ceinture, était restée intacte. L’aigle de la garde brillait légèrement au crépuscule ambiant. Leïp souffla, faisant apparaître un léger nuage de brouillard devant lui qui se dissipa rapidement. L’air était frais à présent, la nuit arrivait lentement. Les premières étoiles apparaissaient dans le ciel, alors que le soleil avait déjà disparu à l’horizon. Il s’allongea sur le sol, fatigué. Son dos meurtri le faisait souffrir plus que tout. Il attendit que le sommeil l’emporte. Pourtant, les évènements de cette journée troublaient son esprit brisé. Les images refluaient devant ses yeux quand il entendit un bruit. Un léger crépitement duquel s’élevaient des voix. Des hommes. Leïp bondit sur ses pieds. Il frotta douloureusement ses yeux, dans l’espoir de s’habituer à l’obscurité. Une légère fumée grise s’élevait derrière un petit bois. Guidé par son instinct, Leïp s’y dirigea. Il découvrit un campement, une dizaine d’hommes regroupés autour d’un feu de bois. Une caravane marchande. En une fraction de seconde, sa main se porta d’elle même à son épée tandis qu’il sentit son corps bondir en avant. Il n’eut pas le temps de réaliser ce qu’il se passait que Telunra avait déjà repris le contrôle. Il voulut crier, ordonner aux pauvres hommes de fuir, en vain. Sa bouche ne s’ouvrait que pour émettre un léger son rauque de satisfaction. Distinguant à peine le bruit de l’air, un premier homme se retourna brusquement. L’épée se planta dans son ventre et remonta jusqu’à sa tête, broyant au passage tout les os de son torse. Il n’eut pas le temps de réaliser sa mort, pourtant. Le corps tomba lourdement au sol. Leïp se plia en deux. La douleur percutait de nouveau son dos. Les ailes transpercèrent sa chair sans qu’il ne puisse résister, puis le massacre continua. Le démon s’était rendormi. Leïp se levait, la tête lourde, le cœur plein de tristesse. Il aurait aimé être loin, ne pas découvrir les cadavres entassés dès son réveil. Il laissa échapper une exclamation. Les ailes n’avaient pas disparues comme la première fois. Elles étaient bien là, faisant couler un long trait de sang le long de son dos, jusque sur ses jambes. Maintenant, il sentait ses omoplates broyées à l’intérieur de son corps. Les ailes avaient pris racine à ce niveau, n’épargnant pas le corps de l’homme. Une pensée traversa soudain son esprit. Une idée qui lui permettrait peut-être de se débarrasser de Telunra. Elaara. Cette chaman qui vivait près d’Ewal, cette vieille femme. Elle était peut-être la solution à son problème. Le soleil était à son zénith lorsque Leïp atteignit Ewal. Il avait évité les routes, à plusieurs reprises détourné son chemin, préférant toujours les petits bois sans vie. Ainsi, il n’avait fait aucune rencontre. Les ailes n’avaient toujours pas disparues. Noires, elles se teintaient maintenant de reflets rouge sang. Il avait également perdu sa sensibilité. La douleur fracassant son dos était telle qu’à présent, il ne la sentait plus. Leïp s’approcha des murailles, lentement. Il ne voulait surtout pas que le démon se réveille. Comme toujours, deux gardes surveillaient l’entrée. Vêtus de cottes de mailles, lance à la main, ils scrutaient l’horizon d’un air qu’il devinait soucieux. Il décida de ne pas avancer plus, et contourna la ville jusqu’au petit bois. Le chant des oiseaux résonnait agréablement dans ce lieu humide. Au fond d’une petite allée, l’homme aperçut la maisonnette d’Elaara. Il avança doucement, pas après pas, à l’affût de la moindre sensation étrange pouvant annoncer l’arrivée du démon. A son grand étonnement, rien n’arriva. La maison semblait vide, la vieille n’était pas là. « Elle devrait bientôt revenir, songea Leïp. Je vais l’attendre ici. » Puis il aperçut un tonneau d’eau, se pencha au dessus pour boire. Il étouffa une exclamation en voyant son reflet. Son visage. D’épais traits noirs traversaient son visage, passant par les yeux dont les iris étaient devenus jaunes ; ses pupilles n’étaient plus que deux fentes verticales, fines et longues. Découvrant son apparence, le guerrier ne pu retenir ses larmes. Il pleura ainsi, cherchant une solution, mais rien ne s’offrait à lui. Une main se posa sur son épaule. Son cœur fit un bond dans sa poitrine, il se retourna brusquement. - Leïp, dit la vieille femme. Leïp est-ce bien toi ? Interdit, il hocha lentement la tête. Elaara. - Viens avec moi. Elle ouvrit la porte de sa demeure et y entra. Leïp se leva, il la suivit. - Prends place, invita-t-elle, désignant un fauteuil. Il s’assit, grimaçant lorsque les deux ailes se plièrent contre le dossier du siège. - Madame Elaara, murmura-t-il d’une voix tremblante. Pourquoi ? Pourquoi s’est-il si soudainement réveillé ? - Tu n’aurais pas du aller à Ilbek. Tu n’aurais pas du réveiller tes vieux souvenirs, rouvrir tes plus profondes blessures. Pourquoi es-tu retourné là-bas ? - Je… je pensai que je pourrais retourner vivre à Ilbek, que je pourrai enfin faire taire définitivement ces souvenirs… mais… - Mais tu n’as fait qu’enfoncer un peu plus le couteau dans la plaie. Tu ne dois pas te le reprocher. Tu ne pouvais pas savoir. Un long silence s’imposa dans la pièce. Leïp réfléchissait, puis, demanda : - Mais… Le démon se réveille lorsque j’entre en contact avec une présence humaine. Alors, pourquoi reste-t-il endormi ici ? - Ce lieu est bénéfique, répondit simplement la vieille. Le démon ne supporte pas la magie blanche. Ici, il ne peut pas sortir. - Alors… Je peux, rester ici ? - Non, désolé Leïp, mais je ne peux pas abriter un démon chez moi. Même inactif, il continue à nuire. Cet endroit sera vite souillé si tu restes ici trop longtemps. - Mais… si je meurs… Le démon mourra aussi. Désespéré, il cherchait une solution. Il était même résolu à mourir pour vaincre le démon. - Non mon enfant, tu ne dois pas… Ton propre sacrifice ne tuerait pas le démon. N’oublie pas, un démon est invincible. Il serait cependant emprisonné à jamais dans l’au-delà. Mais, ce démon que tu portes en toi est bien particulier. C’est l’un des plus grands que le monde ait connu. L’un des plus forts, l’un des plus cruels. Ta mort ne l’enverra pas en enfer. Il deviendra comme un esprit, errant à la recherche d’une autre victime. Mais… - Mais ? - Pire encore. - Expliquez-vous. - Laisse moi te raconter. Il existait dans les temps anciens sept puissants démons, et sept puissants dieux. Chacun défendait son camp. Mais ils étaient de forces égales, et, lors d’un ultime affrontement, tous disparurent. Telunra faisait partie de ces démons antiques. Il concentrait en lui une source presque infinie de mana maléfique. Son retour dans l’au-delà… libérerai cette puissance. Le mana serait déversé sur le monde qui sera à la merci des monstres et autres esprits maudits. - Alors, murmura Leïp, cherchant à comprendre, si je meurs, le monde meurt… - C’est malheureusement cela. Je sais que c’est une idée difficile à accepter, mais tu dois vivre avec. Dans ton enfance, tu m’avais souvent raconté ce dont tu te souvenais sur le démon, les émotions étranges que tu ressentais dans certaines circonstances… Je me suis préparée à ce jour. Ecoute moi. J’ai préparé pour toi un sort de sceau. Je vais séparer ton esprit et celui du démon, ainsi, il ne pourra pas intervenir sans ton invitation. Leïp releva la tête, une lueur d’espoir dans les yeux. - Par contre, continua-t-elle, si une émotion trop forte t’amène à vouloir utiliser le démon, il est fort probable qu’il reprenne le contrôle… et ce jusqu’à ce que tu n’arrive à le dominer. Maintenant viens, je vais t’apposer le sceau divin sacré. Elle fit signe à l’homme qui se leva. Il s’allongea sur une table, ferma les yeux. - Ah oui, j’ai oublié de te dire… Le sceau sera marqué à deux endroits : une marque sur ta poitrine, et une autre sur ton crâne. Elles seront invisibles, certes, mais tu devras sacrifier tes cheveux. Ils ne pourront plus repousser à cause du pouvoir du sceau. Les yeux toujours fermés, Leïp sourit.
Message édité le 08-01-2005 à 19:21:07 par sai
-------------------- More than a game... |
| sai | Can you just... trust in me ? | | 37 messages postés |
| Posté le 06-01-2005 à 22:59:45
| Chapitre 3
Le dragon Leïp ouvrit lentement les yeux. Il semblait avoir dormi longtemps. Il repoussa les draps froissés dans lesquels il s’était reposé et s’assit sur le lit. Jetant un œil sur sa poitrine nue, il remarqua une trace à peine visible du sceau. Une légère trace noire semblable à de l’encre. Par réflexe, il passa une main sur son crâne lisse. L’impression de ne plus sentir ses mèches courtes était étrange. Et soudain, il réalisa quelque chose d’essentiel : les deux puissantes ailes noires avaient disparues. Il savait pourtant qu’elles étaient toujours là, repliées dans son dos. Il se leva, tituba sur quelques mètres et parvint finalement à garder l’équilibre. Remarquant une tunique neuve posée sur une petite table, il s’habilla rapidement, saisit son épée et quitta la chambre. Assise dans un fauteuil, Elaara l’attendait. - Te voila enfin réveillé, marmonna-t-elle. Tu bien dormi. L’apposition du sceau s’est déroulée sans problème. - J’ai toujours eu confiance en votre magie, en vos compétences. J’ai confiance en vous, je sais que vous avez de grands dons de magie. - Leïp, n’oublie pas. Un don n’est rien s’il n’est pas entraîné. La force de Telunra pourra t’être utile mais si tu n’apprends pas à la maîtriser, il reprendra le contrôle. - Que dois-je faire maintenant ? - Tu dois libérer un dieu. Le sanctuaire le plus proche est à plusieurs dizaines de kilomètres. C’est une grande tour cachée dans les montagnes. Personne n’est rentrée dedans depuis l’emprisonnement de la divinité. Rends-toi là-bas, et délivre-le. Tu trouveras sûrement le moyen de combattre la force du démon. - Bien, je m’y rends. Je vous remercie de votre aide, je reviendrais dès que le sceau sera brisé. Leïp se dirigeait déjà vers la porte quand la vieille l’interpella : - Attends. Ne pars pas comme ça, tu ne pourras jamais atteindre la montagne à pied. Je te confie une monture appropriée à ton voyage. Suis moi dans le jardin. La vieille sortit, Leïp derrière elle. Elle saisit un instrument étrange qu’elle tendit à Leïp. - Joue. Il attrapa l’objet et découvrit un magnifique ocarina qu’il porta à ses lèvres, et commença à souffler dedans. Il composa une douce mélodie qui s’éleva avant de s’estomper dans le ciel. Mais son chant avait été entendu. Une créature massive apparut alors des cieux. Un dragon, un grand dragon à la peau écailleuse et rouge. Il vint s’allonger sur le sol, et demeura inerte. - Ce jeune mâle s’appelle Shamkar, expliqua-t-elle. Il est maintenant à toi. Leïp s’émerveillait du spectacle auquel il assistait. L’impression de bonheur parcourut son corps lorsque les deux ailes de la créature se levèrent. Il sourit à la vieille. - Je vous promets de revenir. Il quitta ainsi le petit endroit dans lequel habitait la vieille, le dragon derrière lui. Mais alors, arrivant près de la grande porte d’Ewal, il remarqua deux silhouettes. Il reconnut facilement Hormus et Firmas. Ceux ci, le remarquant à leur tour, vinrent à sa rencontre. Leïp voulut fuir, mais le temps que le dragon vienne à lui, les deux hommes étaient arrivés. - Vous revoilà, susurra Hormus. Je vous croyais mort… Et suite à ces paroles, Leïp distingua que les lèvres de son interlocuteur avaient légèrement bougé, produisant un « dommage » inaudible. Firmas s’avança. - Mon bon ami, sachez que je me suis fait un grand souci pour vous. - Ce n’était pas la peine, répondit Leïp. Je ne suis pas partit bien loin… - Mais vous semblez fatigué, regardez vous ! Venez donc vous reposer à Ewal, vous ne serez jamais mieux accueilli ! - Merci, je vais bien, je repars dès aujourd’hui. - Pourquoi ne venez vous pas… - Laissons le, coupa sèchement Hormus. Il semblerait que notre « très cher ami » ne veule pas se donner la peine de nous accompagner jusqu’à la ville. Mais j’ai bien appris que vous vous rendiez à Ilbek, n’est-ce pas ? Leïp hocha doucement la tête, conservant un regard glacial. Il n’avait jamais supporté cet Hormus, tandis que son compagnon était un bon ami. Et les voir ensemble l’obligeait à écouter ses paroles déplacées. Alors, il continuait. - Eh bien ! J’ai appris qu’Ilbek avait été détruite ! Un démon, paraît-il. Il n’y avait qu’une poignée de survivants, venus s’abriter dans notre ville. Ils nous ont donné la description d’un homme, grand, fort, avec une longue cape rouge et… une épée, dont la garde représente un aigle. Malgré la remarque, Leïp ne se démonta pas, et répondit, le plus sereinement possible : - Vos témoignages n’ont de preuve que vos envies de me voir disparaître. Hormus s’énervait. Il semblait que son visage devenait chaque seconde plus écarlate. - Je te ferais crever ! Fils de démon ! Démon toi même !!! - Calmez vous, voyons, tenta Firmas. - Mêlez vous de vos affaires ! C’est personnel ! - Qu’avez vous contre moi ? - Ton père, fils de démon… ton père a tué toute ma famille, et toi, je vais te tuer !!! La rage déformait le visage de l’homme tandis qu’il dégainait précipitamment son épée. Mais à peine fut-elle sortie de son fourreau que Leïp ressentit une étrange colère monter en lui. Il attrapa son arme, et en un instant, trancha l’épaule de son adversaire. Firmas, malgré qu’il n’eu prononcé un mot, ne parvenait pas à cacher sa peur. - Je ne vous ferai rien, mon ami, promis Leïp. Et il entreprenait déjà de trancher le reste du corps de son ennemi. Quelque chose l’en empêcha. Il fut comme paralysé. Le dragon, derrière lui, l’avait plaqué contre le mur. Il imposait ses larges pattes contre ses épaules, l’immobilisant ainsi. Sa gueule s’ouvrit, laissant se déverser un large jet de flammes, alors que dans sa tête, résonnait la voix de la vieille Elaara : « Je ne pourrais pas toujours t’arrêter… » Au large d’une côte, à une centaine de kilomètres d’Ewal, l’horizon dévoilait un magnifique coucher de soleil. Shamkar veillait, ailes repliées, perché sur un grand rocher. Leïp gisait sur le sable, comme agonisant, depuis plusieurs jours. Le feu avait brûlé non pas sa chaire, mais son âme. Un feu sacré, qui, néanmoins, lui avait laissé quelques séquelles physiques. Depuis son combat, sa respiration n’avait pas repris un rythme normal. Les traces de brûlures s’effaçaient à peine de sa peau. Il restait allongé sur le sable, bercé par le doux son des flots. Il ne fit pas le moindre mouvement jusqu’à ce qu’il soit rétabli. Une semaine avait passé. Ce matin, Leïp s’était réveillé à l’aube. Allongé sur le sable, une vive douleur l’avait tiré de son sommeil. Il constata qu’il pouvait alors bouger. Il se leva difficilement, grimaçant à chaque geste, jusqu’à parvenir à parcourir quelques mètres. Le dragon, dressé sur l’habituel rocher, avait veillé sur son partenaire pendant la semaine. - Tu m’as sauvé d’un nouveau massacre. Malgré la douleur, je t’en remercie. Comme s’il avait compris, Shamkar pencha la tête, puis invita Leïp à monter sur son dos.
-------------------- More than a game... |
| sai | Can you just... trust in me ? | | 37 messages postés |
| Posté le 08-01-2005 à 21:12:15
| Chapitre 4 Le temple Le ciel s’assombrissait sur l’horizon nuageux. Une silhouette se dessinait, grande, armée d’une paire d’ailes. Cela faisait plusieurs heures que Leïp volait sur son dragon. Il semblait heureux, pour une fois. Pendant son long repos, Elaara lui avait indiqué quoi faire pour se débarrasser de Telunra. Détruire les sceaux des dieux élémentaux, qui étaient en réalité des anges, pour libérer leur puissance. Chacun logeait dans un temple, sacré, inconnu des humains. Leïp descendit du dragon. La nuit semblait maintenant bien présente. Après un long vol, il était finalement arrivé en bas d'un escalier entouré de colonnes de pierre. Les murs blancs du temple reflétaient les descriptions telles que les légendes les contes. Leïp s'assit. Il contempla le ciel vide, dénudé d'étoiles. Il ferma les yeux, et se souvint de son enfance, près de la vieille Elaara. "- Tu vois, lui contait-elle, les étoiles sont les esprits qui règnent sur notre monde. Elles symbolisent la paix et la sécurité. Lorsqu'elles se cachent, cela signifie que quelque chose d'important est sur le point d'arriver." Leïp écoutait toujours rêveusement les histoires de cette femme. Et chaque nuit sans étoile, il se produisait quelque chose. De la même manière, c'était par une nuit sans lune que le démon s'était réveillé. Il se leva. "Cette nuit ne fera pas exception" pensa-t-il. Il se retourna, faisait signe au dragon de partir, et, d'un pas lent, s'approcha du temple. Il n'y avait pas de porte, mais de nombreuses ouvertures. Il attendit un instant avant de pénétrer dans les ténèbres. Aucune lumière ne dissipait l'obscurité totale dans laquelle baignait la pièce. Leïp avançait lentement, à pas mesurés, dans un lieu qui lui était totalement inconnu. Mais il marchait sûrement, et droit. Il ne cherchait pas à s'aider de quelque paroi murale. Il alla ainsi jusqu'à ce qu'il atteigne quelque chose, une sorte de table. Une lumière vive s'alluma alors devant lui. Une flamme, dans un grand réceptacle. Une partie du temple s'éclaira alors, laissant le reste de la salle dans les ténèbres. Leïp fixait intensément l'autel sur lequel brûlait intensément la flamme. Un bruit de pierre en mouvement lui fit remarquer que l'un des murs derrière l'autel s'était déplacé. Un passage menait alors à un escalier descendant. Leïp s'y dirigea.
-------------------- More than a game... |
| sai | Can you just... trust in me ? | | 37 messages postés |
| Posté le 26-01-2005 à 21:13:13
| Lorsqu’il atteint l’étage inférieur, l’escalier de pierre retourna dans le mur. Aucune lumière ne parvenait dans la nouvelle pièce. Leïp sentit de l’air chaud sur son visage. Il attendit un instant, scrutant l’obscurité, jusqu’à ce que ses yeux s’habituent à celle-ci. Et soudain, dans un flash aveuglant, une lumière blanche envahit la pièce. Il ferma les yeux, reculant en même temps en arrière, se collant ainsi contre le mur. Ses yeux demeurèrent fermés ainsi quelque seconde. Quand il tenta de les rouvris, il constata que la lumière n’avait pas faiblie. Il sentait néanmoins quelque chose, une présence. Son intuition ne fut confirmée que lorsqu’une vive douleur le prit à l’épaule. Il y plaqua sa main, remarquant une longue coupure d’où coulait son sang. Leïp attrapa alors son épée. Il la serrait, les paupières closes. Il savait que la lumière ne cesserait pas et il s’était alors résigné à affronter cette épreuve. Il se concentra sur le bruit. Mais un silence pesant envahissait la pièce. Un bruissement d’air, l’instant d’un souffle, il avait levé son épée. Il semblait avoir réussit à parer le coup. Le silence était revenu, complet. Il avança. Ses pas faisaient résonner un faible écho. Cette rupture du silence permis à son adversaire de porter une nouvelle attaque, qui, cette fois, ne fut pas parée. Une lame fine vint se planter dans le dos du guerrier. Le coup lui arracha un cri de douleur, qu’il essayait désespérément d’étouffer. L’une des deux cicatrices de son dos, emplacement des ailes, avait été la cible. Il ignorait encore si le geste était calculé, mais une idée lui vint. Peut-être pouvait-il essayer d’utiliser la force du démon, sans pour autant perdre le contrôle. Mais l’idée semblait mauvaise. Il ne savait pas encore maîtriser Telunra. Cette longue réflexion déconcentrait sa recherche du bruit et il reçut une pluie de coup avant de laisser tomber son épée. Le bruit du métal sur le sol se répercuta en écho durant lequel les coups se succédèrent, tous plus violent les uns que les autres. Le corps en sang, Leïp tomba sur le sol. Une pensée lui traversa alors l’esprit. "Si je meurs, le monde meurt…" Il se cambra soudain, comme pris par une puissante douleur. Un hurlement suivit. Sa chair se déchirait dans son dos, le démon se réveillait. Une ambiance nouvelle s’était installée dans la pièce. Ses yeux s’ouvrirent d’un coup. La lumière persista un instant de plus, puis se laissa englober par les ténèbres. Il suffit à Leïp de lever la main pour que son épée y revienne. A cet instant, il ne savait pas si il commandait à son corps, ou si c’était le démon. Mais il devait vaincre ce mystérieux adversaire, et son corps obéissait à ce désir de meurtre. Il leva la main une seconde fois. Une grande flamme naquit alors au centre de la pièce, et il put distinguer son opposant. Une femme, une jeune femme, âgée d’une vingtaine d’années. Elle se tenait debout en face de lui, immobile, une arme tachée de sang dans sa main. C’était une longue épée, très fine et à l’apparence maniable. En un bond, Leïp l’atteignit. Elle esquiva sans difficulté son attaque. Il remarqua néanmoins quelque chose d’étrange dans le regard de cette femme. Ses grands yeux verts semblaient vides. D’un mouvement de la main, il fit apparaître un cercle de flammes, réduisant ainsi le périmètre de combat. Son épée s’enflamma à son tour lorsqu’il porta une attaque de front. Mais la fille esquivait toujours. Elle ne parvenait pourtant plus à porter d’attaques, et semblait se fatiguer au fur et à mesure du combat. La grande épée s’enfonça alors dans la jambe de la jeune femme. Elle tomba au sol, tandis que Leïp retirait sa lame accompagnée d’un flot de sang. Le liquide rouge recouvrit bientôt le sol. Leïp s’avança alors de la jeune femme. Elle tenta de se lever, et parvint à tenir sur une jambe, tenant fermement un couteau. Elle tenta une nouvelle attaque, s’arrachant à elle même un hurlement à cause de sa jambe. Mais le coup fut porté dans le vide. Leïp rengaina son épée, et avant que la jeune femme ne retombe, il lui porta un coup de poing au visage. - C’est bien ce que je pensais, souffla-t-il. Il se baissa pour ramasser deux sortes de lamelles au sol. - Des lentilles colorées. Tu es aveugle n’est-ce pas ? La jeune fille releva la tête, tentant de se mettre debout. - Ce n’est pas la peine. Ta jambe ne te supportera plus. Sa voix s’était radoucie. Il ressentait pourtant un désir fou de tuer cette jeune fille, de la faire souffrir, et d’entendre ses longs râles d’agonie, sa voix suppliant de l’épargner. Il se baissa alors à son niveau, et distingua enfin les yeux blancs, vides. Elle semblait pourtant le regarder. - Je dois vous tuer !!! lança-t-elle, alors que sa main envoyait un couteau dans la direction de l’homme. Leïp arrêta le projectile à main nue, la lame entre deux doigts. - Ce n’est pas la peine. Tu n’y arriveras jamais. - Eh bien, tuez moi ! Si je ne mérite pas de vivre, alors je dois mourir. Sa voix n’était plus qu’un murmure. Leïp ressentit alors une vive douleur au cœur. Un souvenir. Une image. La ville d’Ilbek se dessinait sous ses yeux, en flammes. Les morts s’entassaient dans les rues, tandis qu’une femme le suppliait. "Epargnez mon enfant, par pitié !" Les mots résonnaient dans sa tête. Et l’enfant pleurait, blottit contre sa mère. L’épée l’avait tout de même transpercé. Sa mère l’avait vite rejoint. - NON ! Le cri avait transpercé son rêve, et la salle réapparut devant lui. Il vit alors la jeune femme, étendue devant lui, le regardant de ses yeux vides. Il déchira la manche de sa tunique, la noua autour de la jambe de la jeune femme. Elle ferma les yeux dans un soupir. Etait-ce trop tard ? Etait-ce terminé ? La question restait sans réponde. Alors, il s’approcha de son visage et distingua un souffle, court, faible, mais un souffle tout de même. "Elle n’est pas morte, pensa-t-il." Les flammes s’étaient éteintes et la seule lueur venait d’une ouverture de torches murales. "Mes flammes les ont sûrement allumées" pensa-t-il. Il ne chercha pas d’explication et souleva le corps de la jeune femme. Il la déposa sur l’autel, puis tenta de préparer un remède. Il fouilla son sac. Quelques herbes médicinales, un petit flacon, ce n’était pas l’idéal, mais il pouvait tout de même fabriquer une potion, d’après les conseils d’Elaara.
-------------------- More than a game... |
| |
| | | | | | |
|